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A la découverte d'Hamedine Kane

Dernière mise à jour : 1 juil. 2022



Si vous êtes un passionné de cinéma, vous avez sûrement déjà entendu parler de Hamedine Kane. Il s'agit d'un artiste et réalisateur sénégalo-mauritanien. Ses œuvres expriment l'Afrique en général et le Sénégal en particulier. Il y transpose toute sa passion et sa sensibilité d'artiste. Pour toutes les âmes curieuses, nous sommes allés à la rencontre de ce pur talent. Une discussion riche en informations et également en émotions. Que vous connaissiez ou non Hamedine Kane, c'est le moment de le (re) découvrir.



De bibliothécaire à artiste …


Hamedine Kane a grandi entre deux pays : le Sénégal et son pays de naissance, la Mauritanie. Avoir des parents sénégalo-mauritaniens lui a permis de faire des allers et retours très réguliers dans ces deux pays.


Curieux et rêveur, Hamedine entretient un rapport très fort aux livres, ce qui motive son projet de devenir bibliothécaire. C'est ainsi qu'à 21 ans, il obtient une bourse pour les métiers du livre à Paris. Mais c'était sans compter sur un appel encore plus grand : celui de l'art. Des rencontres décisives réveillent en lui, sa passion et sa sensibilité pour ce domaine et l’incitent ainsi à prendre une nouvelle voie.


Dans un premier temps, il dépose ses valises à Paris. Mais très vite, il se rend compte des nombreux obstacles qui se posent sur son chemin. Comme un appel du destin, il change de cap : direction la Belgique. Là-bas, il rencontre divers réalisateurs Belges dont Benoît Mariage qui le prend sous son aile. C’est un nouveau départ pour Hamedine Kane.

Deux ans plus tard, toujours en Belgique, il séjourne dans une maison dans laquelle il est entouré d’artistes plasticiens français et belges. Tout en poursuivant sa formation de bibliothécaire (qu’il abandonnera plus tard), il se forme en art au contact de ses nouveaux amis. Il y découvre une autre expression de l'art contemporain, participe à des expositions, apprend entre autres comment constituer une idée.




Des projets phares à son actif …

L'école des Mutants

Poussé par son désir de démocratiser l’art en Afrique et de parler de sujets peu traités par les médias et qui concernent fortement les peuples d’Afrique, Hamedine Kane, se lance dans un projet d'une grande envergure : L'école des mutants





Loin d'être tirée d'une œuvre de science-fiction, l'école des mutants tire son origine de l'université des mutants créée à a fin des années 1970 pendant le régime de Léopold Sedar Senghor au Sénégal. En 2018, avec Stéphane Verlet-Bottéro, ils créent l’Ecole des Mutants, une plateforme collaborative d’art et de recherche, autour de l’histoire oubliée de projets panafricains d’envergure, en matière d’éducation au Sénégal.


En effet, le Sénégal a été le lieu qui a vu naître de grandes écoles et universités d’excellences panafricaines dont certaines ont survécu pendant un moment et d’autres sont restées au stade idée, mais toutes sont devenues des ruines sous nos yeux. Les vestiges de l’école William Ponty où ont été formé les premiers hommes d’état africains, les ruines de l'Université du Futur Africain, idée académique panafricaine co-financée par de nombreux États africains et Taiwan dans les années 1990 et la brève existence de l’université des Mutants à Gorée qui a accueilli des chercheurs de tout le continent, d’Amérique latine et d’Asie en sont quelques exemples.


A travers l’Ecole des Mutants, Hamedine et Stephane revisitent et amplifient de manière critique et artistique, les projets académiques postcoloniaux, témoins du rôle peu abordé de l'éducation dans les mouvements panafricanistes. Avec ce projet, ils créent ainsi une école nomade, itinérante, constituée d'artistes, de géographes, d'auteurs, etc... L’Ecole des Mutants a été exposée à travers diverses biennales et centres d'art dans le monde.


La Maison bleue

A Calais, en France, une façade bleue et une toiture de paille se démarquent aisément. Conçue pour rappeler sa terre natale, la "maison bleue sur la colline" est l’œuvre d’Alpha, artiste en exil depuis de nombreuses années. Lorsque Hamedine, son ami d’enfance le retrouve, ils évoquent naturellement leur village natal, des souvenirs d’enfance et c’est ainsi que ce portrait de la migration voit le jour.

Oeuvre filmique d’Hamedine Kane publiée en 2020, la maison bleue met en lumière ces espaces oubliés que sont les camps de migration en Europe. Au coeur d’un camp de refugiés à Calais, Hamedine dresse et sublime à travers l’art visuel le portrait intimiste d’Alpha. Avec ce film, Hamedine nous montre des environnements d’exceptions où naissent des tentatives de résistance mises en place par les occupants et où se construit une force qui défie la désolation du corps et l’abandon du politique.

Depuis sa sortie, ce chef d’oeuvre est sélectionné dans plusieurs festivals en Belgique, en France, aux Pays Bas, à Montréal et au Sénégal.








Trois américains à Paris

Actuellement, Hamedine Kane est en train de travailler sur un projet qui tournera autour de trois monuments de la littérature afro-américaine: James Baldwin, Richard Wright et Chester Himes. Grand lecteur de par son ancien métier de bibliothécaire et par passion, Hamedine a été marqué par les oeuvres et les parcours de ces trois hommes. Et tout naturellement, il leur consacrera sa prochaine création dont le titre est déjà trouvé : Trois américains à Paris.

En attendant de trouver une résidence de création à Paris pour ce projet, Hamedine réexplore en profondeur les univers de ces grands hommes de lettres.


Des points marquants qui ont forgé l’artiste


La vie d’artiste n’a jamais été facile et le parcours d’Hamedine n’est pas une exception. Il a fait face à plusieurs obstacles mais a toujours su en tirer parti. A titre de retour d’expérience, il nous partage ses trois grands apprentissages de son parcours d’artiste.


L’exil. Quitter son pays, sa famille, ses amis, son entourage pour un univers peu, voire pas du tout familier est plus dur que ce à quoi on s'attend. A tout ceux qui ne voient que le sommet de l’iceberg, il leur répond que se construire en tant qu’artiste reconnu nécessite du temps et de la résilience. Il lui a fallu dix longues années pour avoir le succès qu’on lui connait aujourd’hui.


Le respect de ses engagements et de ses valeurs. Comment éviter de se travestir et rester toujours engagé, honnête et sincère par rapport aux sujets abordés dans son art ? C’est une question fondamentale que se pose Hamedine. Pour lui, un artiste est une personne engagée et impliquée dans la société dans laquelle elle évolue. L’artiste porte une certaine responsabilité et doit tenir des positions fortes sur les plans politique, social et intellectuel. Sur la durée, cela peut être épuisant à gérer mais il est primordial de maintenir le cap.


La constance et l’endurance. Il en faut pour maintenir un certain niveau d’énergie pour continuer à créer malgré les revers de la vie. Comme tout un chacun, il y a des jours qui sont plus difficiles que d’autres, des jours où l’on n’arrive pas à exprimer ce que l’on ressent au fond de soi. Il faudra alors trouver la force qui permet d’aller puiser dans sa réserve la plus profonde pour continuer de faire ce que l’on doit faire malgré tout. Et si Hamedine Kane réussit à surmonter ce type de difficultés que rencontrent souvent les artistes, c’est que l’appel de son art et de ses inspirations est plus fort que jamais.





Une pépite à suivre …


A travers ses différents projets et sa volonté de démocratiser l’art, on retrouve chez Hamedine Kane, un artiste engagé qui s’empare de sujets sensibles en Afrique comme en Occident et qui leur donne toute une dimension historique, politique mais surtout, humaniste.

En février 2022, Hamedine Kane était invité à exposer ses œuvres visuelles et plastiques dans le cadre du Mossem Cities – Dakar à Bruxelles. Du 12 au 16 mars, Hamedine fera une projection de ses œuvres au centre Pompidou de Paris. Et pour ne rien rater de ces prochaines expositions et projections, suivez-le sur son compte Instagram.


Vous n’avez plus d’excuses, s’il y a un artiste que vous devez désormais suivre, c’est bien Hamedine Kane.



 

Crédit photos : courtesy Hamedine Kane et School of the Mutants



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