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ETE 2023 : THEATRE EN AVIGNON ET PHOTO EN ARLES

Dernière mise à jour : 27 oct. 2023

Chaque année, au début de l’été, tout le Sud de la France est en ébullition touristique, festive et créative. Une kyrielle d’événements, de festivals et de rencontres thématiques ravissent les amateurs d’arts et de cultures. Et la création afro-descendante est de plus en plus présente lors de ces grands festivals d’été quand ils ne lui sont pas dédiés lors de rendez-vous estivaux à dimension humaine tels que Rio Loco à Toulouse, Afri-Cajarc, Ingénieuse Afrique à Foix, les Suds à Arles ou les Nuits du Sud de Vence…


Cet été, NOIR CONCEPT a pris la route du Sud… Carnet de route provençal.


AVIGNON

En juillet, Avignon se mue en ville-théâtre en accueillant plus de 300 représentations d’une quarantaine de spectacles programmés dans le IN et dans le bouillonnant OFF. Le festival fondé en 1947 par Jean Vilar est devenu (avec les Francophonies de Limoges) « la Mecque » du théâtre francophone. Des affiches pleins les murs, des artistes plein les rues, des spectacles à toute heure et d’innombrables rencontres qui se prolongent tard dans la nuit…

Affiche programme de théatre

Si le Festival d’Avignon a mis un certain temps à s’ouvrir à la création afro-descendante, elle est aujourd’hui au cœur de sa dynamique avec, en ouverture, l’explosif G.R.O.O.V.E., une déambulation de Bintou Dembélé qui ouvre les portes de l’Opéra en détournant le livret des Indes galantes. Une traversée flamboyante qui bouleverse les codes de la rue. 

Avec « Carte noire nommée désir », la française d’origine antillaise Rébecca Chaillon interroge les spectateurs sur les fantasmes autour du corps des femmes noires et pose avec virulence la question de la place des femmes afro-descendantes dans la société française. Un spectacle qui a fait polémique et généré des agressions verbales et physiques à caractère raciste… Lien vers la vidéo explicative


Lors d’un furtif passage dans la Cité des Papes, NOIR CONCEPT a pu assister au spectacle de l’un des pionniers afro-descendant de ce rendez-vous théâtral mondial. Dieudonné Niangouna, prolixe auteur, metteur en scène et comédien congolais se met seul en scène dans le poignant « De Ce Côté ». Dido, un personnage aux forts relents autobiographiques, interroge sa condition d’exilé avec une fougue rageuse et une profondeur qui ont fait vibrer les spectateurs dans l’intimité du Théâtre du Train Bleu.

Ce fut aussi une belle occasion de faire la connaissance, lors d’un after congolaisement festif, de l’un des piliers du théâtre du Congo Brazzaville, le Professeur Abdon Fortuné Koumbha Kaf, un acteur culturel discret, comme il en existe des milliers à travers le Continent, dépositaires de la mémoire de la création et de la scène de leur pays mais si peu connus et entendus voire écoutés.


ARLES

Arles, c’est la photo au cœur de l’humain. La photographie est une expression artistique partageant, en un instantané, une lumière, une émotion, une sensibilité. Elle est à la fois miroir du temps présent et d’un passé marqué délivrant des traces de mémoire. Chaque été, cette commune française de 2500 ans d’âge et de 50.000 âmes qui porte les vestiges de l’époque romaine au cœur de la Provence, vibre au rythme des regards du monde. Les Rencontres d’Arles font « l’état de conscience» du monde à travers la photographie, abolissant les frontières pour offrir un kaléidoscope d’œuvres portant chacune en elle leur part d’universel.


Ces 54 èmes Rencontres photographiques d’Arles proposaient une programmation éclectique venant des quatre coins du monde et abordant quelques thématiques récurrentes comme celles de l’identité, de l’exil ou de l’environnement…


A Arles, berceau de la maison d’édition Actes Sud, plus de 40 expositions essaiment dans une multitude de lieux culturels temporaires ou permanents comme « La Croisière », haut lieu de la culture arlésienne, attenant à la maison d’édition, où Jean Marie Donat présentait sa collection dans l’exposition « Ne M’oublie Pas ». Les archives du Studio Rex, un studio photo familial créé à Marseille dans les années 30, contiennent des milliers de photos d’identité et des portraits de studio d’anonymes dont une série présentée ici dans un travail mémoriel lié à l’exil et au transit en terre marseillaise.


Photos Studio Rex, Marseille. Collection Jean-Marie Donnat.

Photos Studio Rex, Marseille. Collection Jean-Marie Donnat.


Dans le Palais de l’Archevêché, les « Assemblages » du peintre et photographe américain Saul Leiter (1923-2013) sont, selon ses propres termes, « des fragments d’un monde inachevé ». Photographe de rue à New-York, Leiter est un des pionniers la photographie contemporaine en couleur et il s’est fait un nom dans la photographie de mode. Il a contribué à plusieurs magazines majeurs comme Life et fut exposé dès 1953 au MoMA de New-York. L’exposition réunit une sélection de photographies, dessins et peintures pour la plupart inédits de l’un des artistes-photographes les plus fascinants du XXe siècle.


A la Mécanique Générale, en miroir, c’est un autre photographe américain, Gregory Crewdson, qui dans « Eveningside 2012-2022 » dresse un portrait de l’Amérique moyenne, une Amérique aux yeux écarquillés vers les lumières d’un rêve en épuisement. Des clichés mis en scène aux accents à la fois intimistes et apocalyptiques.


A la Tour Luma, nouveau symbole futuriste d’Arles-la-Romaine, une rétrospective majeure est consacrée à Diane Arbus à l’occasion du centenaire de la naissance de l’une des photographes les plus influentes de son époque. 450 clichés noir et blanc en petits formats disposés dans une scénographie conçue comme une installation immersive, un labyrinthe qui met particulièrement en valeur ce travail mémoriel essentiel.


Dans la Chapelle du Museon Arlaten, la Commissaire Ilsen About a réuni le travail de plusieurs photographes du 20 ème siècle pour réaliser « Lumières des Saintes » qui présente une histoire photographique du pèlerinage qui se déroule tous les ans aux Saintes-Maries-de-la-Mer, où Gitans, Manouches, Roms et Voyageurs de France et d’Europe honorent sainte Sara. Ces photographes qui ont tenté de saisir les manifestations du sacré et l’image d’une population qui suscite répulsion et

fascination. Une expérience immersive dans le passé de cette tradition ancrée dans ce terroir si proche d’Arles et si méconnu du Monde…


Le cinéma n’est jamais bien loin de la photographie. « Mes amis Polaroïd » de Wim Wenders et les expositions consacrées à Agnès Varda et à l’imaginaire des cinéastes font partie des curiosités d’Arles2023.


La photographie de rue et la photo de presse étaient également en bonne place à l’affiche des Rencontres d’Arles. Dans l’exposition « 50 ans dans l’œil de Libé », abritée dans la superbe Abbaye de Montmajour, le visiteur parcourt les grandes étapes de l’actualité de ces cinquante dernières années à travers des clichés uniques, des Unes qui sentent l’Histoire qui se déroule au présent et l’inspirée titraille du quotidien français Libération.

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