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« Les Gestes de Saint-Louis » de Kita Bauchet

« Les Gestes de Saint-Louis » est le fruit d’une rencontre particulière entre Alioune Diagne, danseur et chorégraphe sénégalais de la compagnie Diagn’Art de Saint-Louis et Kita Bauchet, réalisatrice belge de films documentaires. Ce film documentaire d’auteur est une infiltration chorégraphique de Saint-Louis par deux danseurs qui se produisent dans les rues et les quartiers de Saint-Louis sur une musique de Siegfried Canto. Aux antipodes de tous les clichés et évitant toute image esthétisante du patrimoine architectural de l’île de Saint-Louis, Kita Bauchet invite le spectateur à aller au plus près des corps et des mouvements, à la découverte du quotidien des habitants des quartiers populaires de Saint-Louis. Cette œuvre intimiste et cadencée mêle plans fixes et images « témoins » de la ville et des corps prises par Stéphanie Pfister, artiste pluridisciplinaire qui signe aussi la très belle affiche du film. Kita Bauchet réussit le pari d’offrir un regard intérieur sur la ville grâce à la collaboration complice d’Alioune Diagne et de deux jeunes danseurs remarquables, Jules Romain et Roger Sarr.

Histoire d’une rencontre singulière.



Kita Bauchet :

« J’ai été formée à l’INSAS et j’ai une fibre sociale qui m’amène à faire des films plutôt humanistes. Mes films ont un point commun, c’est la rencontre. C’est ce qui me porte dans mes films. Cela peut être rencontrer mes pairs, rencontrer d’autres artistes ou rencontrer un lieu. J’ai commencé par faire des courts métrages de fiction. Et puis, il fallait bien gagner sa vie alors j’ai travaillé en télé. Et je suis revenue au cinéma en 2009 par le documentaire avec « La Fabrique de Panique » et puis « Une vie contre l’oubli » sur André Dartevelde et « Bains publics » sur les bains de Bruxelles qui m’a pris énormément de temps en préparation. J’avais envie de retrouver plus de spontanéité, de faire un geste artistique plus immédiat.

J’ai cherché une résidence d’artiste pour créer un projet de court ou de moyen métrage. Je souhaitais articuler mon prochain projet autour de thèmes qui me sont chers comme la ville, l’eau, les corps et le mouvement… dans un contexte qui soit bien éloigné de la Belgique pour un peu me ressourcer. J’ai pensé à Saint-Louis du Sénégal. C’est une ville d’eau qui se trouve entre le fleuve et la mer. C’est une ville qui me paraissait culturellement dynamique parce qu’il y a plusieurs festivals : de jazz, de danse contemporaine et de films documentaires. J’ai postulé à une résidence et je me suis dit que j’allais filmer la ville en la découvrant. Mais je ne me voyais pas faire ce film sans la collaboration avec des saint-louisiens qui éprouvent la ville, qui la connaissent. J’ai alors pris contact avec Alioune Diagne qui est à la fois directeur de la compagnie de danse contemporaine Diagn’Art, animateur du centre culturel le Château et initiateur du festival de danse « Duo Solo ». Je lui ai fait la proposition de travailler dans la ville ensemble avec lui et il a accepté. »



Alioune Diagne :

« J’ai reçu ce projet avec beaucoup de curiosité. Nous avons beaucoup échangés sur la manière de donner à vie à ce projet dans l’esprit voulu par Kita, loin des clichés. Son approche artistique de la ville par le mouvement est assez inédite. Faire découvrir la ville par cette approche chorégraphique m’a beaucoup séduit. J’ai tout de suite pensé pour cette collaboration à un de mes spectacles, « Banlieue » qui a tourné dans 18 pays d’Afrique et en Europe. C’est un spectacle inspiré du quartier dans lequel nous avons tous les trois grandi. J’ai proposé à Roger et Jules de s’inspirer du langage chorégraphique développé pour « Banlieue » pour nourrir le projet et le regard de Kita. Je n’étais pas beaucoup sur place mais nous avons travaillé à distance avec Kita et les danseurs. »


Kita Bauchet :

« Ce qui a accroché mon regard à travers la caméra ce sont les gestes et les mouvements de ces hommes et femmes, de toutes les générations qui peuplent et qui nourrissent la ville. Les danseurs, Jules et Roger, qui sont eux-mêmes très jeunes, m’ont fait découvrir les quartiers de leur ville dont 60 % de la population a moins de 25 ans. Ils ont contribué à la construction du film sur le plan chorégraphique en observant et reproduisant certains gestes du quotidien des saint-louisiens. Je suis partie de leurs mouvements pour articuler mon langage documentaire.

La ville de Saint-Louis est entièrement régie par le mouvement de la mer vers la terre, avec les pêcheurs qui ramènent le poisson qui nourrit l’économie de la ville, avec les femmes qui acheminent le poisson des quais vers la ville, les mouvements des sportifs un peu partout dans la ville, footballeurs, coureurs, gymnastes…

Je ne voulais surtout pas d’une Afrique miséreuse, qui tend la main qui est passive ou dépendante. J’ai voulu transmettre mon vécu de l’Afrique où j’ai rencontré un dynamisme incroyable avec ces gens qui travaillent dur, qui entreprennent, qui sont porteurs de projets géniaux ! Filmer cette ville en mouvement, c’est aussi parler du pays, du Continent parce que c’est une image peu représentée au cinéma.

Je suis arrivée avec un regard vierge sur une réalité que je ne connais pas qui s’est nourri de l’interaction avec Alioune et les danseurs en confrontant ce regard « vide » avec une expérience et un vécu de la ville dont ils sont eux-mêmes habitants. Je me suis attachée aux mouvements en passant par le regard des danseurs. »




A voir

le vendredi 11 novembre à 14h30

à la salle Ledoux à la Cinematek

dans le cadre du Brussel Art Film Festival (BAFF)


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Distribution

Atelier Jeunes Cinéma

Mathilde Pestel

Tel + 32 2 534 45 23


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